Après un millésime 2017 en demi-teinte qui a vu la collecte nette des contrats d’assurance vie, c’est-à-dire les cotisations moins les prestations, s’établir à un niveau décevant de 7,2 milliards d’euros, l’année 2018 commence, elle, sur les chapeaux de roue, avec 4 milliards d’euros collectés en seulement deux mois. Pourquoi cette soudaine accélération ?
Pour les mois de janvier et de février 2018, la collecte nette en assurance vie s’élève à 3,9 milliards d’euros. Son niveau était cinq fois plus faible à la même période, un an plus tôt (à peine 800 millions d’euros). Trois grandes raisons expliquent ce retournement de tendance, le changement de fiscalité du patrimoine financier n’étant pas la moindre.
C’est certainement la principale raison de la reprise de la collecte. Pour rappel, la flat tax correspond à un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% (prélèvements sociaux de 17,2% compris) qui s’applique sur tous les revenus du patrimoine (intérêts et plus-values, hors immobilier), y compris ceux de vos contrats d’assurance vie.
Tous les détenteurs d’un contrat d’assurance vie sont potentiellement concernés par cette disposition fiscale qui touche les intérêts produits par les nouveaux versements effectués depuis le 27 septembre 2017. Ce PFU de 12,8% est, en réalité, beaucoup plus favorable à court terme que les taux historiques du prélèvement forfaitaire libératoire de respectivement de 35% avant quatre ans et de 15% entre quatre et huit ans.
De ce fait, l’assurance vie avec son fameux fonds en euros devient, davantage encore, très compétitif pour servir de réceptacle à de l’épargne courte, traditionnellement plutôt placée en livrets bancaires et comptes à terme.
Les mesures adoptées lors de la dernière loi de finance envoient un message clair : soutenir fiscalement l’immobilier n’est pas une priorité du gouvernement. La flat tax de 30% touche tous les revenus du patrimoine, hormis ceux de l’immobilier qui restent taxés au barème progressif de l’impôt sur le revenu, soit potentiellement le double.
Et le nouvel impôt sur la fortune exonère désormais les actifs financiers pour ne plus taxer que l’immobilier avec une tranche marginale inchangée qui reste très élevée compte tenu du niveau famélique du taux «sans risque».
Les prix de l’immobilier étant historiquement élevés, le moment semble opportun pour un certain nombre de propriétaires de procéder à un réajustement de leur patrimoine, souvent très investi dans la pierre, vers des actifs financiers au premier rang desquels l’assurance vie : «En ce début d’année, de nombreux clients vendent, ou envisagent de le faire, une partie de leurs actifs immobilier au profit de l’assurance vie», observe ainsi un assureur.
Les assureurs ont, comme chaque année, largement communiqué en début d’année sur le rendement 2017 de leur fonds en euros. Les observateurs du marché s’attendaient à une nouvelle baisse significative des rémunérations.
Or, force est de constater que l’estimation de rendement donné par la Fédération française de l’assurance est presque stable à 1,8%.
Par Le revenu